En Côte d’Ivoire, le risque d’un retournement spectaculaire des résultats de l’élection présidentielle n’aura pas lieu au regard des résultats provisoires annoncés par la Commission électorale indépendante (CEI). Ceux-ci attribuent au sortant Alassane Ouattara près de 90 % des suffrages, un score qui lui ouvre les portes d’un quatrième mandat successif. Dans l’attente de la proclamation définitive de cette victoire attendue, l’Union européenne dit attacher une importance particulière « à ce que le processus électoral aboutisse de manière pacifique » et soit en fin de compte « conforme aux normes internationales » en la matière.
Au cours du briefing quotidien (Midday) tenu avec des journalistes à Bruxelles ce mercredi 29 octobre 2025, Anouar El Anouni, porte-parole des Affaires étrangères pour la Commission, a rappelé que l’UE « continue de suivre de très près » la situation électorale et ses développements à venir après avoir « pris note des résultats préliminaires » rendus publics.
De nombreux observateurs craignent la survenue de violences supplémentaires après la publication des résultats définitifs du scrutin. En cela, l'attitude des principaux chefs de l'opposition reste cruciale dans l'objectif d'apaiser les tensions nées de la gestion du processus électoral par les autorités d'Abidjan.
Cette présidentielle ivoirienne est d’autant plus suivie avec intérêt par les partenaires de la Côte d’Ivoire qu’elle a été boycottée par les principales figures de l’opposition que sont Laurent Gbagbo (PPC-CI) et Tidiane Thiam (PDCI-RDA). D’après la CEI, le taux de participation se situerait aux alentours de 50 % pour un corps électoral estimé à 8,7 millions de votants.
L’autre intérêt lié à cette présidentielle ivoirienne est sa tenue dans un contexte sous-régional perturbé par le départ du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) depuis le 29 janvier 2025. Ensemble, les trois pays du Sahel central ont poursuivi leur rapprochement avec la Russie et mis en place l’Alliance des Etats du Sahel (AES) dans le but de « mieux lutter contre le terrorisme ». Leurs relations bilatérales ne sont pas toujours sereines, en particulier au niveau de leurs frontières communes ou surviennent souvent des incidents plus ou moins graves.
Néanmoins, précise Anouar Al Anouni, « il convient de dire que les élections se sont déroulées globalement de manière pacifique même si nous déplorons les incidents signalés dans certains bureaux de vote. »
Selon le Conseil national des droits de l’homme (CNDH), une organisation de la société civile, au moins six personnes ont été tuées au cours de la campagne électorale ayant précède le scrutin, en plus de plusieurs autres (3 selon des sources officielles, 7 d’après l’opposition) décédées le jour du vote dans le centre-ouest du pays.
Au long du processus électoral, l’Union européenne rappelle avoir « soutenu activement la société civile » ivoirienne « en accordant une attention particulière à la jeunesse », mais aussi par le déploiement de ses observateurs électoraux disséminés aux quatre coins du territoire » pour la surveillance du scrutin.
Mass Mboup,
Correspondant à Bruxelles